Le gouvernement du Québec a annoncé le 27 avril 2020, en pleine crise pandémique, la réouverture des écoles primaires et des garderies dans plusieurs régions, à l’exception de la région métropolitaine de Montréal. Réactions mitigées chez nos concitoyens et anxiété grandissante pour les parents, enseignants et aussi pour nos chers écoliers ont été constatées à l'approche de cette réouverture. Débat entre la nécessité de retrouver une vie normale et de se protéger du coronavirus, il est clair que la décision du gouvernement ne fait pas l’unanimité. Est-ce que la santé mentale des élèves sera réellement soulagée par un déconfinement précoce comme le gouvernement avance? Ce retour à la normale est-il vraiment normal?
En fait, qualifier cette situation de normale est profondément inapproprié, car il n’y a rien de tel avec ce qui se passe. Est-ce qu’un retour en classe équivaut nécessairement à une amélioration de la santé mentale de nos enfants? Il nous faut voir un plan d’action fiable mis en place par des professionnels de la santé mentale. Prenons conscience de l’anxiété que vit l’enfant qui écoute par défaut la télévision et la radio de ses parents. Et puis, l’anxiété transmise directement par leurs parents qui eux doivent prendre une décision entre la santé de leur enfant ou leur emploi. Comment rassemblera-t-on les classes avec soudainement moins d’élèves et avec des élèves à deux mètres de leurs amis, avec un masque sur le visage? Il n’y a rien de soulageant ni de sociable pour nos enfants dans ce scénario.
Premièrement, chapeau au gouvernement pour tous les efforts déployés pendant cette crise. Ce n’est pas évident pour personne et il n’y a pas de solution miracle. Mes suggestions ont l’intention seule d’aider la collectivité et de proposer des routes alternatives. Mon plan, tout en prenant en compte la nécessité capitale de redémarrer l’économie, miserait sur un retour graduel, mais obligatoire à l’école, au diapason d’un retour brusque et facultatif. Commençons par deux jours par semaine et puis trois si ça fonctionne bien. La fermeture des écoles et entreprises était abrupte, mais le retour ne devrait pas l’être. De cette façon, les parents, enfants et enseignants auraient la chance de s’acclimater et de gentiment retrouver un équilibre de vie confortable pour eux. C’est par ailleurs cet équilibre qu’il nous faut rechercher pour tous, car c’est celui-ci qui pourra soulager nos angoisses et notre santé mentale collective.
Je félicite la confiance que nous donne notre gouvernement en donnant l’option aux parents de laisser ou pas leur enfant retourner en classe. Je n’irais jamais contre la liberté de chaque individu à prendre la meilleure décision pour chacun d’entre eux. Cependant, nous parlons ici d’une quasi-liberté. En d’autres mots, une liberté barbelée qui, plutôt que de donner réconfort aux parents, les enlacent avec davantage de stress que s’ils n’en avaient pas. Pourquoi nous donner l’option maintenant alors que nous n’en avions pas au commencement du confinement? Le risque était là au début et il l’est d’ailleurs toujours présent vu que le retour est facultatif. S’il n’y avait aucun risque, pourquoi ne pas le mettre obligatoire?
On dit que l’enfant n’aurait pas de conséquences académiques s’il restait à la maison. Pourquoi donc les ramener à l’école? À première vue, ce n’est que pour des raisons sociales. J’avoue que cette raison est bien importante, mais le social, ce n’est pas en classe que ça se passe (on l’espère), mais dans la cour de récréation ou bien au parc. Les parents pourraient très bien amener leurs enfants au parc ou bien dans la cour de récréation pour des activités sans risquer la santé des enseignants. Le retour en classe n’est-il pas plutôt un retour à la garderie pour permettre aux parents d’aller au travail?
En effet, si les élèves restant à la maison bénéficient de la même éducation, l’école devient logiquement un simple faubourg social. Sinon, il est impensable de comparer une éducation en classe à celle à la maison. Nous devons simplement tenir compte des nombreuses distractions présentes chez soi pour prouver ce point. Donc, il est inévitable que les enfants de parents restant à la maison soient inéquitablement éduqués par rapport à ceux présents en classe. Si c’est le cas, pourquoi ne pas primer un retour obligatoire, mais graduel? En excluant, bien sûr, les enfants immunosupprimés, de même que ceux habitant avec un parent ayant une santé fragile ou habitant avec leurs grands-parents.
Une moitié le lundi, l’autre moitié le mardi et ainsi de suite avec une éducation mixte maison/classe pour tous. En premier lieu, ceci réduirait la capacité d’accueil des classes, ce qui augmentera l’efficacité des mesures sanitaires. Aussi, l’aspect social est respecté, tout en réduisant l’anxiété des parents vu que le fardeau de cette décision résiderait à l’Assemblée nationale et non dans toutes les demeures. Mais le plus important dans tout cela, c’est que tous les élèves au Québec (à l’exception de ceux de la région de Montréal) recevront une éducation équivalente ; parents et étudiants pourront vivre ce retour en classe et au travail tous ensemble, en retrouvant sereinement leur équilibre de vie crucial pour leur santé mentale.
J’ai eu la chance de m’entretenir avec deux jeunes allumés qui résident à Saint-Hippolyte, dans la région des Laurentides. Lundi, armés d’antiseptique et de masques, ils entameront leur grand retour en classe. Bien qu’étant jeunes, ils ont aussi une opinion. Ils veulent se faire entendre. Le fait d’encourager leur participation franche et authentique dans les discussions familiales (et même sociétales) pourrait soulager leur angoisse tout en réduisant la nôtre.
Voyons ce qu’ils en pensent, sans filtre.
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Ce que l’on vit n’est pas normal, et ce ne le sera pas pour plusieurs mois. L’anormalité que nous vivons nous accorde toutefois une pause, peut-être nécessaire, de la cohue quotidienne de nos vies. Une pause nous donnant une chance historique de réfléchir et d’apprécier les gens qui nous entourent et qui nous sommes. Je sais que c’est facile à écrire, mais souvent difficile à faire. Ce que je fais personnellement, c’est de prendre le temps, tous les jours, de dire « merci ». Merci pour ma santé, la santé de mes proches, le bonheur que je ressens, la chance que j’ai, ainsi que l’amour que je reçois. « Merci à qui, à quoi (…) », comme le chante Patrick Bruel, mais je vous assure que ce n’est pas superficiel. Le fait de le dire nous remplit de positivité, d’appréciation et de bonté. Un merci à nos aînés qui, grâce à eux, nous pouvons vivre la vie qu’on tenait pour acquise. Merci aussi à nos jeunes, qui nous remplissent d’espoir et nous encouragent à être le meilleur de nous-mêmes, pour eux, si ce n’est pas pour soi. Mettons-nous en action sur ces remerciements en prenant le temps d’appeler nos grands-parents et d’encourager nos jeunes à s’exprimer le plus possible. Ces petits gestes, quoique simples, font toute la différence pour la santé mentale de ceux que nous aimons et par le fait même aident la nôtre.
Malgré le temps chaotique que nous vivons, j’ai confiance que nous en sortirons plus forts et unis, avec une plus grande appréciation de cette normalité qu’on tenait tant pour acquise auparavant.
Santé, Prudence et Courage à tous les enfants qui retrouveront leurs bancs d’école, à leurs parents ainsi qu’à leurs merveilleux enseignants.
#Çavabienaller